samedi 28 avril 2012

Une ville effroyable



"Je lui expliquais que Mende était une ville effroyable. Que faute de pouvoir l'éviter, il fallait la franchir toutes vitres levées, le plus vite possible, en regardant droit devant soi. Une ville frappée d'endémie, peuplée de psychiatres, de neurologues, de psychopédiatres, d'infirmiers, de pharmaciens, de laborantins, de diététiciens, d'intendants d'hôpital, de gardiens, de garçons de salle musclés, de chirurgiens du cerveau, d'électriciens hautement spécialisés, d'animateurs sociaux-culturels, de moniteurs de sports adaptés, d'aumôniers  et d'assistantes sociales, d'éducateurs techniques, d'instituteurs de rattrapage et de gendarmes qualifiés, tous veillant sur le sort de milliers d'handicapés mentaux et débiles classés du lourd au léger comme des boxeurs, et formant avec ces malheureux la population entière de la ville de Mende, laquelle, sans cet apport précieux et sans cesse grandissant, eût sombré dans l'anéantissement alors qu'elle a ressuscité depuis que chaque village de France a perdu son idiot folklorique et traditionnel au profit du seul département de la Lozère. Et tout ce monde là vote à chaque élection. Un modèle de démocratie, puisque le député de Mende n'est autre qu'un médecin psychiatre et son suppléant, j'imagine, un débile léger réadapté."

Jean Raspail, "les yeux d'Irène".

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