Dans une indifférence quasi-générale, le saint triduum pascal approche. Pour la 1979 ème fois, l'Eglise catholique va se réfugier au pied de la Croix pour assister son Seigneur dans l'oeuvre de Salut qu'Il a entreprise lors de sa crucifixion.
A grands renforts d'oeufs et de poules en chocolat, de gigot d'agneau et autres brioches pascales, le monde traditionne. C'est sûr, il y tient notre monde occidental à ses traditions et sa culture; mais pas tous, c'est vrai: certains réfractaires, cohérents avec eux-mêmes, ont tout largué, chocolat et messe tout ensemble, faisant table rase du passé pour chanter les lendemains heureux du multiculturalisme...tout entier dans leur refus et non pas tiède, rien n'est perdu pour eux. Ce sont les autres, les nostalgiques, qui m'attristent, car leurs traditions évidées suffisent à combler la petitesse d'une âme que trop reniée, envahie par une intelligence orgueilleuse et charnelle. Pour ceux -là, et pour tous ceux qui veulent, en ces jours saints, je leur suggère une libéralité mystique afin de se laisser envahir par quelques considérations sur la raison d'être de la Croix.
Il ne s'agit pas uniquement d'amour, car lorsqu'on sait regarder une Croix, ce mot y est inscrit sur ces bras étendus et cette tête inclinée.
Mais voilà, pour mieux voir l'universalité de la Croix, montons dessus, grimpons sur cette Croix pour voir ce que le Christ voyait.
Vous savez, Il ne nous en voudra pas le Bon Dieu, d'être monté, car Il nous l'a mise à disposition sa Croix, pour que nous la portions nous aussi, pour que nous tombions sous son poids, pour que nous nous relevions surtout, alors pourquoi pas pour que parfois nous la plantions et montons dessus afin de nous élever au-dessus de la turpitude du monde et voir si nous sommes toujours sur le bon chemin?
Installés donc là-haut sur la Croix de Jésus, une immensité infinie nous enveloppera imprégnant en nous l'impression de n'être plus rien qu'un atome, maintenus par une force majestueuse et royale qui domine le monde devenu alors minuscule et grouillant. Nous verrons tous les siècles les uns après les autres s'étendant à l'infini, toute une humanité besogneuse comme enchaînée à la terre sur laquelle elle se penche: une infinité de dos courbés se répandent, gris et noirs, tandis que des têtes parfois se lèvent pour tourner le regard vers la Croix, mais retombent aussitôt sous les coups d'une bête immonde qui mène cette marée de manière autoritaire. Nous verrons alors des rayons ardents jaillissant de la Croix, descendant du Ciel et frappant les dos, les illuminant en faisant briller une petite clé. Nous comprendrons alors que tous ces hommes courbés ont une chaîne avec une clé dessus qui peuvent les libérer à tout instant, la clé du royaume de la grâce. Des myriades de rayons jaillissent, des hommes, des femmes, des enfants prennent la clé pour se libérer et entreprendre un combat ardu contre la bête qui cherche à les reprendre, mais soutenus par les rayons qui sans cesse descendent du ciel, le visage désormais tourné vers la Croix, ils avancent toujours plus sur le côté de la marée humaine et deviennent de plus en plus libres. D'autres ne prennent pas la clé car ils ne la voient pas, trop occupés à vouloir couper leur chaîne avec d'autres objets inefficaces. D'autres encore, la majorité, ont accepté leur condition et se soumettent tranquillement à la bête, faisant tout ce qu'elle veut pourvu qu'ils ne reçoivent pas de coups.
Je pense que ce vendredi de sa Passion, alors qu'Il était élevé en croix, le Christ voyait ainsi dans un seul regard toute l'action du salut sur l'humanité, souffrant de ces âmes soumises qui ne veulent pas de sa Rédemption. Dans cette douleur de l'indifférence, il jeta un "sitio" implorant et impérieux qui se répandit comme une onde de choc jusqu'à la fin des temps, renversant des âmes droites comme foudroyées, vaincues par cet appel divin, élevant dans un élan magnifique celles des saints et écrasant les autres par l'incompatibilité fondamentale du refus d'avec l'acceptation.
Il n'est que trop temps d'étancher la soif du Christ, de relever la tête pour croiser son regard encourageant et de se libérer de ce monde athée qui ne peut que se perdre, rendant vaine toute action si elle n'est marquée du sceau sacré de la charité divine.
Magnifique texte empreint d'une grande ferveur. Chapeau bas, Sonia.
RépondreSupprimerExcellent Vendredi Saint à vous et aux vôtres.
Elias
merci Elias.
RépondreSupprimerJe vous souhaite une belle fête de Pâques.