mardi 23 avril 2013

Charité bien ordonnée commence par soi-même

La rage au coeur, le sentiment d'être les éternels dindons de la farce exacerbent sans aucun doute les âmes les plus généreuses et les plus combattives. Certes il est pitié au "royaume de France" de voir ainsi les instincts les plus bas régner en maître et de constater avec répulsion au dévoiement de l'idée même d'amour qui a troqué sa noblesse pour les loques puantes des manants de la sentimentalité.
Pourtant, quel malheur que de voir ces valeureux capitaines aux rêves de gloires et d'héroïsme se jeter dans une mêlée qui n'est pas la leur, une mêlée qui a tout l'air d'être un fichu piège pour leur ôter le peu de liberté qui leur reste!
Vouloir priver une frange de la société d'une liberté qui ne les oblige en rien est en tout point aberrant dans une société qui se dit républicaine laïque et démocratique. Ne s'exposent-ils pas, eux et leur famille et toute leur communauté, par trop de zèle à une privation totale de leur droit et à la fermeture de leur centre de réunion? Vous comprendrez évidemment que cette communauté est catholique, et que même si la rébellion n'est pas exclusivement catholique, elle est traitée comme telle par la meute médiatique qui n'en perd pas une miette.
Des prêtres, même, (et Dieu sait si je les respecte) se permettent de faire front, d'haranguer les foules. Ils portent la soutane, on ne peut pas ne pas les situer...mais ils deviennent des dangers pour la république, d'autant plus qu'ils ont charge d'âmes et une multitude de paroissiens qui les écoutent le dimanche à la messe. Que pensez-vous que fera la belle république à la douce devise de "liberté, fraternité, égalité"? Comment peut-elle accepter toutes ces personnes qui la violent dans ses fondements, qui l'ébranlent dans sa colère?
Ces milliers et millions de personnes s'agitent et gesticulent tel un petit enfant tambourine de ses petits poings un géant qui va se lasser de ce tambourinage et lui flanquer une bonne fessée avant de l'enfermer dans sa chambre et lui interdire de voir ses copains.
On ne se bat pas contre une excroissance d'un système, c'est ridicule. C'est le système, c'est la république, c'est l'état qu'il faut combattre, c'est un coup d'état qu'il faut faire et non du pinaillage bourrée d'incohérences. Et si on n'est pas prêt pour ce coup d'état, alors retournons cultiver notre jardin et vivons bien. Une révolution, une réforme ne peut se faire que par une réforme de soi-même avant tout et surtout la sauvegarde de notre liberté religieuse.
Quand tout cela finira par une fermeture des églises traditionnelles pour cause de révolte contre l'état de droit, alors qu'aurons-nous gagné?
Le jour où cela arrivera, alors je serai la première dans la rue pour défendre ma liberté, mais le combat se retournera contre nous car on nous objectera qu'on voulait bien priver d'une autre liberté une certaine partie de la population. On fera de la dialectique et on jouera sur les mots et les idées et on aura forcément tort car nous ne parlons plus la même langue.
En tant que catholique, il faut se battre pour notre Foi et l'honneur de Dieu, pas pour une idée de société parfaite : idéologie qui se défend dans les livres et les chaires, au coeur des foyers et des écoles, mais pas dans la rue.

samedi 13 avril 2013

La bouteille d'encre à l'amer

Notre société adulte n'est pas sortie de l'enfance;  elle continue à se créer des monstres et des fantômes, à se complaire dans une sorte de panique qui accélère leur rythme cardiaque et offre une bouffée d'adrénaline à ses sens ankylosés et saturés d'ennui.
Qui se lève pour dénoncer un spectre destructeur et terrible trouve un écho certain dans bon nombre de cervelles assoiffées de nouvelles horreurs, de nouvelles peurs. Ainsi la fin du monde programmée trouva son grain à moudre, tout comme la crise "imminente", la rupture de normalité qui n'a jamais été si proche, les Juifs futurs maîtres du monde, l'islam galopante, la sauvegarde de la race blanche, les lois stupides et toujours plus délirantes... La moindre nouvelle devient aussitôt l'objet d'un mail tournant qui nous annonce sous les termes les plus alarmants qu'il en va du salut du monde de faire tourner cette nouvelle horrible pour l'humanité, notre race et nos racines. On assaisonne d'un petit coup de philosophie et d'idéologie pour faire style et avoir l'air d'être un adulte quand même, on fait semblant de faire de la politique quand on arrive tout juste à se situer dans le vulgaire agitateur de sloggans et ainsi pense-t-on que le monde doit tourner.
 Je cherche alors à comprendre ce monde étrange où je ne trouve pas ma place. Un monde que je croyais sérieux et important, un monde où l'intelligence devait briller et s'affirmer.
 Je crois qu'il faut remonter en amont et accuser l'école, l'éducation parental qui avec le progrès, le confort, les vaccins et la ddass a supprimé les peurs des enfants, ces peurs essentielles pour grandir et acquérir la sagesse adulte.
Les générations des 30-60 ans ont eu une enfance douce, sans guerre, sans crise majeure, sans faim, des nounous ou des mamies qui portaient leur pas pour éviter les chutes et les genoux ensanglantés. Ils allaient à l'école avec de beaux livres et de beaux cahiers, ils ont eu les stylos-plumes à cartouches qui ne faisaient pas de tâches, puis les stylos billes qui ne coulaient pas, des leçons écourtées et des auto-dictées qui leur enlevaient toute peur d'une faute par l'inconnu de la dictée de contrôle. Puis on leur a enlevé l'analyse logique et grammaticale, on a même concentré toute la jungle des articles, adjectifs démonstratifs, possessifs i tutti dans un seul cadre : les déterminants, afin d'ôter cette peur dédalienne de l'esprit qui devait s'aventurer dans les méandres de la réflexion et de l'analyse, fameuse analyse qui libère l'esprit et entrave ceux qui veulent en prendre possession...
L'idéologie elle-même participe au mouvement de prise ne charge des masses et liquide la litanie des rois de France pour rabâcher l'alpha et l'oméga de notre nouvelle histoire : la seconde guerre et ses hlpsdnh. L'Histoire et son édifice hiérarchisé, sa structure est ainsi réduite à toute une série d'histoires horribles de petits enfants dévorés par le méchant ogre fasciste.
N'oublions pas non plus les docteurs de famille surchargées de grippes, de rhumes et d'angines, de vaccinations avec ces rappels oubliés sous son oeil accusateur pour les parents inconscients et irresponsables, laissant aux oubliettes les médecines naturelles, les secrets de grand-mère pour soigner et prévenir les maladies. Et ceci jusque chez nos vieux avec le semainier à pillules qui les fait pourrir dans la peur immature de la mort, l'esprit lassé et maugréant.
La peur de l'inconnu, la peur de l'échec, la peur des supérieurs qui sont devenus des animateurs au lieu de maîtres ont été méthodiquement supprimées de la vie de nos têtes blondes. Les parents sans cesse rabaissés devant la toute-puissance enfantine au nom du droit des enfants, et qui l'acceptent sans mouffeter considérant l'insolence de leur progéniture comme une preuve de maturité alors qu'ils les confortent dans leur immaturité, justement, de sales gosses qui ne prennent plus de coups mais grandissent avec leurs certitudes atrophiées d'enfant-roi; ces parents-là démissionnent et la réussite scolaire devient alors un objectif rassurant au détriment d'une éducation de la vie.
On s'étonne après que le monde tourne de travers! Il est au main d'une masse mouvante immature qui prétend le diriger en faisant ressurgir des peurs enfantines non vaincues et sans désir de les affronter pour les dompter, car c'est cela être adultes, c'est les dompter et avoir le courage de prendre les mesures qui s'imposeraient afin qu'elles ne soient plus qu'un souvenir. Pour assumer une démocratie il faudrait avant tout grandir...
 Cependant certains ont trouvé le filon et entretiennent avec sadisme ces peurs, ils les provoquent même pour garder la main-mise sur ces esprits sans plus de consistances que la bouillie ingurgitée depuis toutes ces sales dernières années, cette bouillie fabriquée à base de menus plaisirs et de souffrances rejetées.