"-Tiens!!! salut!...ça fait un bail qu'on ne s'est pas vu.
-le temps passe vite...
-passe donc a la maison, quand tu veux, quand tu auras le temps. Je dois y aller. A plus.
-salut."
Elle avait du temps, donc elle passa chez eux, chez ces amis invisibles qu'on voit tous les 2 ans. Elle passa le mardi matin à 10h, les volets étaient fermés, le jardin vide. Elle passa le mercredi après-midi, les volets ouverts, elle entra et fut accueillie par une femme de ménage qui, tout en lavant les vitres, surveillait le petit dernier scotché devant la télé."-madame ne rentrera que ce soir!" Elle passa le samedi après-midi, mais la famille était partie en week-end. Alors elle ne passa plus. Elle reçut bien quelques clavardages skype pour donner des nouvelles, mais ne les revit pas encore.
Alors elle commença à comprendre tristement que la société se meurt quand les maisons sans vie ne sont plus que des dortoirs calfeutrés, animées le jour par l'éventuelle présence sporadique d'une femme de ménage, éclairées le soir derrière les volets tôt fermés, hermétiques et inaccessibles. Difficile à comprendre quand chez elle, toute la journée, la soirée on entre sans façon, comme dans la maison du bonheur; elle est toujours là, rangeant l'éternel désordre d'une maisonnée pleine d'enfants, expliquant une leçon à un de ces gamins ou oeuvrant dans son jardin. Quand la femme n'est plus dans son foyer, l'âme de toute la société s'étiole et se fond dans une morne vie pleine d'excitations et d'obligations, oublieuse de paix et de liberté.
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