mardi 20 décembre 2011

Méditation

Noel approche avec ses grelots de lumieres, d'achats empressés, de préparatifs fiévreux, de chants  traditionnels galvaudés  en ritournelles électroniques. Un semblant de chrétienté subsiste encore dans des calendriers de l'avent devenus des odes à la consommation et à la gourmandise quand il devrait rappeler les petits sacrifices préparatoires, dans des crèches "made in china"qui se disputent le mauvais gout et la laideur.
Perdue dans cette foire clinquante et bruyante, j'aurai pu me raccrocher à la perspective de la messe de minuit, cette messe unique et si douce, qui fait lever les hommes dans le silence et la nuit pour aller adorer ce petit enfant, espoir de leurs ames. Mais je fais partie de ces personnes qui ne peuvent supporter ces nouveaux chants modernes, ces nouvelles messes extraverties, qui se sentent exclues de ce nouveau catholicisme-festivus et attendent la venue d'un prêtre qui saura dire cette messe antique et sainte où l'on peut prier et adorer.
Malheureusement, cette année, il n'y aura pas de prêtre pour la messe de minuit. La chapelle tristement fermée m'inspire une réflexion que je voudrais partager ici en toute simplicité comme une méditation personnelle.
Après tant de discussions sur le christianisme, le catholicisme, discussions souvent très théoriques,  il est important de se reposer la question de temps en temps: qu'est-ce qu'être chrétien, concrètement?
Une phrase me parait bien exprimer la vie d'un chrétien: avoir la tête dans le ciel et les pieds sur terre.
C'est cela etre chrétien, tout simplement, vivre sur terre en laissant son âme voguer dans les mystères divins. C'est comme si la vie sur terre était un fleuve tumultueux qui nous mènerait vers cet océan de l'éternité et nous serions dans une barque, plus ou moins fragile, contemplant sur les rivages les beautés de la nature sans s'y attarder, soumis à des haltes obligatoires pour réparer les avaries, consolider, reprendre des vivres,  mais ayant toujours les yeux fixés sur le but ultime de cet océan de paix, de lumière.
Quand d'aucun parle de faiblesse chrétienne, je répondrais qu'effectivement le chrétien doit s'affaiblir comme un enfant, se détacher de sa fierté et de son assurance orgueilleuse pour se revêtir de la force divine qui ne peut cohabiter avec la force humaine. C'est tellement reposant de baisser les armes, de rengainer haines et colères, agitations et loquacités circonvolutives pour se laisser prendre par la main et mener vers un destin qui nous échappe mais qu'on sait être bon.
Le chemin le plus sûr pour aller au ciel, n'est pas forcément le plus court, celui qui est devant soi, mais celui que la Providence aura choisi. Il peut être terriblement tortueux, donnant cette impression de marcher en aveugle, il sera aussi à coup sûr parsemé d'embûches et de lachetés, car nos regards sans cesse attirés vers le bas ne manqueront pas de nous faire succomber aux tentations du monde et du mal, mais il suffit de relever la tête courageusement et de continuer malgré tout animé de foi, d'espérance et de charité.
Pourtant qu'on ne s'y trompe pas, cette faiblesse enfantine n'est en aucun cas un retour en enfance, cette enfance ignorante et malhabile, mais seulement un abandon de notre fierté motivé par un jugement sûr d'homme mûr dans les mains de Dieu.
Etre chrétien ne consiste pas non plus à vivre uniquement dans le ciel et oublier la terre...les pieds bien sur terre sont une des conditions pour vivre pleinement sa vie de chrétien: user sans abuser, profiter sans en faire un but premier, les choses terrestres sont des biens dont nous avons l'usufruit et qu'il convient d'entretenir pour ceux qui viennent après nous. C'est pourquoi cet entretien demandera peut-etre de partir au combat contre ceux qui voudraient détruire ces biens qui appartiennent à l'humanité, dont ils sont dépositaires et non propriétaires: le fameux détachement qui fait croire à certains qu'il oblige à tout laisser tomber autour de nous en déliquescence! Détachement d'autant plus douloureux et source de souffrance parce qu'il est effectivement plus simple de tout laisser partir quand le combat doit etre ardu. Combat qui se manifestera par une éducation à contre-courant, une réponse à la procréation naturelle et uniquement naturelle,  une fidélité liturgique et dogmatique, la controverse soutenue par l'étude, etc...
Et puis être chrétien, c'est aussi s'arrêter chaque jour dans la journée pour méditer les mystères divins, prendre un peu de temps seul ou en famille pour réciter le rosaire le regard fixé intérieurement sur la Vierge Marie, élevant son âme en oubliant les misères quotidiennes, s'abandonner pendant quelques instants et profiter des douceurs spirituelles, source inépuisable de force et de grâce.
C'est alors qu'on comprend l'universalité du catholicisme, lequel se plie à toutes les mentalités, toutes les intelligences, qui s'adapte en Occident comme en Orient, au Nord comme au Sud, qui va au-delà des races et des langues, car il est simple, accessible, enthousiasmant.

Petit cadeau: un des plus beaux chants pour l'avent à écouter sans modération...: "Rorate caeli"

Joyeux Noël sous le regard de l'Enfant-Dieu, de sa sainte Mère toujours vierge et de st Joseph.

5 commentaires:

  1. Très bon texte!
    Joyeux Noël à vous aussi, Sonia.
    Une autre petite perle musicale pour vous:
    http://www.youtube.com/watch?v=1A6BfyhFSVQ

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  2. Bonjour,
    Vous avez un talent pour l'écriture! Et vous en dites des vérités!
    Bon NOEL à vous.

    SYLVIENE

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  3. Une bien jolie perle, Elias, merci pour ce cadeau.

    Vous êtes bien aimable, Sylviene, joyeux noël à vous aussi.

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  4. Merci pour ce beau témoignage ... décalé dans ce monde de fous!

    François

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  5. Pas de quoi François, c'est gentil. Si vous etes celui que je crois, il est dommage que vous ne permetiez pas que l'on vous retourne le compliment.

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