Aujourd'hui la récolte est amère, on a mal, la force matérielle ne remplit plus son office, elle s'effrite, ne répond plus aux attentes de jouissance : des identitaires se lèvent alors pour retrouver une société dans le même état qu'il y a 150 ans : une société privée de son âme catholique... c'est reculer pour mieux sauter. Ne voient ils pas a quel point ils ont eux meme scié la branche sur laquelle ils sont ? Car que veulent ils au final ? La pillule sans les bougnoules ? Les trente glorieuses sans les subprimes ? Leur idée semble se resumer pour certain à partir à 60 millions sur les plages en été et ne pas a avoir à nettoyer derriere... Car que recouvre cette expressions entendue de plus en plus souvent : "la France d'avant"? C'est la reformulation du "c'etait mieux avant..." qu'on se refile de generation en generation sans voir que les racines, les causes premieres de ce "mieux"qu'on percoit confusement sont enfouis sous la crasse et les strates d'illusions successives qui ont precisement donné ce "c'est moins bien qu'avant". On ne recolte que ce qu'on sème.
"Quelque optimiste qu'on soit, il est difficile de nier que le mal existe au sein des sociétés modernes
et même qu'il existe dans des proportions effrayantes. - " Le mal n'est pas plus grand aujourd'hui
qu'autrefois ; tous les siècles se ressemblent; les hommes ont toujours été les mêmes; notre époque
peut soutenir la comparaison avec toutes les autres époques." Voilà ce que plusieurs s'empressent de
répondre." On entend dire assez communément, reprend le comte de Maistre, que tous les siècles se ressemblent et que la hommes ont toujours été les mêmes. Mais il faut bien se garder de ces maximes générales, que la légèreté ou la paresse inventent pour se dispenser de réfléchir. Tous les siècles, au contraire, manifestent un caractère particulier et distintinctif qu'il faut considérer soigneusement. Sans doute, il y a toujours eu des vices dans le monde; mais ces vices peuvent différer en quantité, en nature, en qualité dominante et en intensité. Ce qu'il y a d'extrêmement remarquable, c'est qu'à mesure que les siècles s'écoulent, les attaques contre l'édifice catholique deviennent toujours plus fortes; en sorte qu'en disant toujours: il n'y a rien au delà, on se trompe toujours."
Mais ne nous en rapportons pas au témoignage d'autrui. Comparons nous-mêmes l'Europe d'aujourd'hui à l'Europe d'autrefois. Afin d'avoir les termes d'une comparaison sérieuse, remontons à l'époque qui divise en deux parties l'histoire des sociétés chrétiennes, à cette époque dont le nom seul indique la fin du moyen âge et le commencement de l'ère moderne, la Renaissance.
Si d'une part, il est vrai que le catholicisme, qui seul rend raison du pouvoir et du devoir, est l'âme des sociétés; si, d'autre part, il est vrai, comme on le prétend, que notre époque peut soutenir la comparaison avec toutes les autres époques, cette proposition signifie, qu'aujourd'hui la catholicisme est appliqué à la société, à la famille, à l'individu, d'une manière au moins aussi intime et aussi complète qu'autrefois. Voyons ce qu'il faut penser de cette affirmation.
Premier fait:- A part quelques contrées septentrionales, l'Europe, il y a quatre siècles, était toute catholique. Aujourd'hui, la moitié de l'Europe n'est plus catholique, l'autre moitié ne l'est guère qu'à demi.
Deuxième fait: - Il y a quatre siècles, l'indissolubilité du lien conjugal était la loi universelle de la famille. Aujourd'hui le divorce est légalement établi dans la moitié de l'Europe.
Troisième fait: - Il y a quatre siècles, le suicide, cet attentat suprême qui annonce chez ceux qui s'en rendent coupables l'extinction du sens moral, était inconnu des nations chrétiennes. Aujourd'hui, ce crime, qui aurait épouvanté nos pères, est devenu si commun qu'on n'y fait plus attention, et que même il a ses apologistes.
Sous ce triple rapport, le catholicisme est-il appliqué à la société, à la famille, à l'individu, d'une manière aussi complète aujourd'hui qu'autrefois?
Quatrième fait: - Il y a quatre siècles, il n'y avait pas de théâtres en Europe; pas d'arts corrupteurs, pas de conspiration générale du talent et du génie contre la foi et les moeurs. Aujourd'hui, l'Europe est couverte de théâtres, où chaque soir des milliers de spectateurs applaudissent à la mise en scène et au triomphe des plus dangereuses passions. Les rues, les places, les jardins publics sont peuplés de statues indécentes; les galeries, les salons, les livres offrent de toutes parts des tableaux et des gravures que la pudeur ne peut regarder sans rougir. Des milliers d'intelligences inondent, depuis quatre siècles, l'Europe entière d'ouvrages en vers et en prose, dans lesquels il n'est pas un crime contre Dieu, contre l'Eglise, contre les pouvoirs publics, contre les époux et les parents, qui ne trouve sa formule et même son apologie.
A tous ces points de vue, notre époque peut-elle soutenir la comparaison avec les époques où rien de tout cela n'existait?
Cinquième fait: - Tandis qu'autrefois l'Europe avait une hiérarchie sociale, des libertés publiques, une conscience publique; tandis que chez les nations chrétiennes la paix n'était troublée qu'à la surface, c'est-à-dire dans l'ordre des faits et non dans l'ordre des principes, en sorte que les dynasties avaient un lendemain et les peuples un avenir: aujourd'hui toute hiérarchie sociale composée d'éléments naturels et historiques a disparu; toutes les libertés publiques sont absorbées par la centralisation; la conscience publique altérée ou éteinte ne flétrit plus guère que l'insuccès, et les fondements mêmes de la famille, de la propriété, de l'ordre social sont ébranlés jusque dans leurs profondeurs.
Dans les âmes ou dans les rues, la Révolution est en permanence. Sur leurs trônes chancelants, les rois ressemblent aux matelots placés au sommet du navire pendant la tempête. Le bruit du trône qui s'écroule aujourd'hui, annonce presque toujours la chute du trône qui s'écroulera demain. Les peuples mécontents nourrissent au fond de leur coeur la haine de toute supériorité, la convoitise de toute jouissance, l'impatience de tout frein, et la force matérielle est devenue l'unique garantie de l'ordre social. Et malgré cette force imposante, malgré le progrès, malgré l'industrie, malgré la prise de Sébastopol, l'Europe a peur. Un secret instinct lui dit qu'elle peut périr, comme Balthasar, au milieu d'un banquet, la coupe de la volupté à la main."
Mgr Gaume, la Révolution, 1856.
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