vendredi 29 juin 2012
Une BAD, sinon rien.
Ca fait 15 ans qu'avec Sonia nous avons recherché sans le formuler le concept de la BAD. Pour nous le principe est simple : mettre ses compétences en commun à plusieurs pour échapper au système. La nuance ou l'aspect "militaire" tel que formulé par certains ( et qui est d'ailleurs un peu une réaction-panique à la situation un peu "chaude" d'aujourd'hui ) découle naturellement du concept de base mais n'est certainement pas sa substantifique moelle. Ce qui énerve un peu Sonia. C'est pas grave.
La Bad est en fait un concept qui trouve ses racines dans la contestation hippie "anti-système" des années 60. Tragédie; on va le voir. A l'époque, une critique systématique de la "société capitaliste" (et non pas du système, nuance importante ) pousse un certain nombre à faire un "retour à la terre" qui se solde la plupart du temps par des échecs du fait, d'une part que ça n'est precisement pas "le système" qui les révolte mais bien des structures sociétales traditionnelles ( l'exemple le plus criant est toute cette smalas d'ex-maoist soixante-huitarde façon con-bandit et autres PDG Libesques vautrés dans divers fromages systémiques d'où ils peuvent à loisir " faire table rase du passé"... Je ne parle même pas du pître Bové tombé dans l'anti-système- systémique...), d'autre part pour d'autres raisons sur lesquelles il serait trop long de s'étendre.
De notre coté, facho-pieds noir, parents ex-OAS ou traditionnaliste catho de la première heure, la critique du système n'est pas évidente du fait même de la réaction par rapport aux "hippies-communistes". Même si la critique du système était peut-être plus évidente pour d'anciens pieds noirs d'Algérie ( qui en avaient quand même pris plein la gueule avec précisément la trahison de ce système en qui ils avait eu confiance avec le "Je vous ai compris"...) cette révolte a plus trouvé à s'exprimer dans une vie "en marge" (banditisme, trafics divers...) qu'en une critique sociale réfléchie et construite. Et les réactionnaires se sont trouvés dans leur ensemble les bons petits soldats du système. Les fils de "bonne famille" faisant des "bonnes études" pour de "bon métiers" qui ont donc pu payer de "bons crédits"...
Tragédie disais-je... Tragédie de la monopolisation de la critique du système par "la gauche" et de la politisation du "retour à la terre" qui a agit comme un repoussoir pour toute la bourgeoisie citadine "de droite" qui continuait de voir dans ce retour à la terre des "sectes", des hippies un peu crados, des ratés de par leurs échecs. Bien sûr il y avait des hommes comme Henri Vincenot et d'autres dont j'ai oublié les noms qui ont proné le retour à la terre et ont formulé la permaculture 20 ans avant son "invention". Ca n'a pas été suffisant. Et puis les trentes glorieuses, leur pétrole à gogo et la télé pour tous ont largement accéléré la chute...Bref.
Nous nous retrouvons donc le cul entre deux chaises : facho-catho assumés et "hippies" décalés (sans dreadlocks ni joints mais avec des poules, des chiottes bio et pleins de gosses...) Le communautarisme s'entend chez nous comme la mise en commun de compétences pour s'en sortir et une gouvernance découlant naturellement et sans forcer d'une unité de valeurs religieuses et morales. C'est en fait le village de l'époque pré-industrielle, ni plus ni moins. Pleins de petites maisons indépendantes groupées autour du clocher.
Lorsque nous avons fait notre "retour à la terre" il y a plus de douze ans dans un petit village de montagne on a vite compris que beaucoup d'illusions devaient partir au compost. Résumons :
-Qu'avions-nous de commun avec cet enseignant perdu dans son chalet d'altitude? Il m'a appris la soudure; en Septembre, dans une grange abandonnée, on a pressé le cidre, je l'ai aidé à monter ses murets en pierre sèche, à construire ses restanques, il m'a prêté main forte pour ma charpente, on a fait des plans récups délirants, tué le cochon ensemble, des bons coups de fêtes... Je me suis jamais risqué à lui raconter le passé OAS de ma famille ou échanger sur ma foi. Je voyais trop le résultat qui en découlerait. D'accord sur toute la ligne pour le mode de vie, la façon de faire mais nos racines n'étaient pas dans la même terre. Je vivais avec lui en mentant. On conviendra que ça n'est pas la solution.
-Qu'avons-nous de commun avec ce juriste responsable des fusions-aquisitions dans un gros cabinet d'avocat d'affaire? Oui, on va tous à la messe le Dimanche. Oui, il a six gosses et c'est très bien. Oui, on va tous mettre notre petit bulletin FN dans l'urne et la racaille c'est affreux-affreux. Mais je ne pense pas qu'il y ait besoin de beaucoup de littérature pour comprendre l'océan, l'abime, le cosmose qui nous sépare d'un tel phénomène. On conviendra que ça n'est pas la solution.
-Qu'avons-nous de commun avec ce jeune militant identitaire ? Oui, on a collé ensemble, bastonné du gaucho et partagé hématomes et arcades explosées, vibré, espéré et pleuré ensemble, monté des coups pendables, fait des vendanges, coups de fetes et coups de blues... Mais quand on se met sur la gueule parce qu'on ne met pas le même bulletin dans l'urne (bon, même là, à la fin on rigole bien et c'est pas si grave..) et qu'il croit à Thor et à sa panigerie délirante ou aux p'tits hommes verts qui "communiquent par les ondes cosmiques.." et qu'il a le sourire à peine moins condescendant que mon expert favori en fusion-aquisition quand je lui parle d'Areva... On conviendra que ça n'est pas la solution.
Suite à cet ensemble d'expériences et d'autres circonstances plus personnelles nous avons choisi de partir, il y a maintenant 7 ans. Il y a trois ans nous découvrons la blogosphère, fdesouche, une effervescence virtuelle qui nous a fait faire des yeux comme des soucoupes. Scotchés. On a vraiment cru à un frémissement, à quelque chose... On lisait des trucs dont on ne pouvait même pas rêver deux mois auparavant. Mais c'était une vision en anamorphose, une toute petite minorité commençait à entr'ouvrir une paupière dans leur sommeil comateux, à trouver l'eau du bain un peu chaude et nous avions l'illusion d'une vague. On lisait ( et on lit encore..) que "les lignes bougent..." Non, les lignes ne bougent pas. Elles s'embrouillent. Et c'est pas parce que un permaculteur en dreadlocks se met à lire Alain Soral qu'on est sauvé pour autant.
Pour une BAD, il y a encore du travail...
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