Je plane... Dans une bulle d'autiste je navigue, étrangère à ma
société, au milieu d'une population étrange et hermétique. Je n'arrive
plus à comprendre le sens de leur vie, la course qu'ils effectuent
inlassablement vers une rémunération toujours plus haute, un confort
toujours plus absurde ( et plus relatif quand on considère la vie de malades que
s'imposent ces zombies pour arriver à "maintenir le standing". En entassant des crédits pour remplir leurs armoires, ils ne se rendent même plus compte du prix qu'ils payent, masse docile et soumise à l'injonction médiatique et sociale du
toujours plus.)
Je me plais à expliquer l'intérêt que j'ai de
vivre dans un pays où, bien que l'assistanat soit inéxistant et la
corruption de règle, que le blocage systématique de toute entreprise
personnelle se conjugue en droits et passe-droits, des contrées intactes
et immenses offrent un sentiment de liberté physique ; contrées où tout
mon être charnel respire simplement devant la beauté et s'émerveille
d'une faune et d'une flore unique et généreuse, où on peut alors
s'élever au-dessus de la fange boueuse d'apothicaires besogneux et comprendre
qu'un grand jardin, une rivière ou la mer sont véritablement suffisants
pour vivre bien, un monde où seules
les nécessités essentielles suffisent à remplir une vie pourvu que l'esprit soit nourri.
J'extrais alors d'une bouche au sourire forcé des
"ha" de condescendance.
Et puis, j'entends dire parfois, et j'y ai
cru aussi, que le jour où la crise videra les frigos et éteindra les
télés, un sursaut de survie fera renaître ces gens vers une vie plus
simple et plus naturelle. Aujourd'hui, je n'y crois plus: ils sont déjà
morts. Leur âme s'est envolée, lasse d'être méprisée, laissant la
gérance aux seuls tripes qui n'ont pour vocation que de pourrir et
nourrir les vers.
La crise qui les prendra dans ses filets
poussera au crime et au suicide, mais je ne crois plus au sursaut du
jardin et des poules. Il n'y a qu'a voir l'Italie ou la Grèce, c'est bientôt chez nous. Les campagnes continueront de tomber en
ruine, et les villes deviendront vite un repère de brigands, d'où
sortiront des armes et des milices mais en aucun cas une renaissance
du triptyque sociale, économique et spirituelle. Et c'est là que l'on voit que ce triptyque est indissoluble et qu'il est l'unique solution : ôtez l'un et tout est
déséquilibré.
Certains se battent pour un nouveau système social
et économique et oublient le spirituel, d'autres se battent pour le
spirituel et le social et oublient l'économique, d'autres encore pour le
spirituel et l'économique mais oublient le social...on le voit, rien ne
marche, c'est la source de toutes nos divisions. Il est à remarquer que la médiocrité spirituelle poussera fatalement à négliger l'un des deux autres aspects.
On pourrait reprendre ces 2 phrases évangéliques qui, dans leur extrême simplicité, sont immenses et universelles, le fondement de tout système quelqu'il soit, lui apportant un crédit absolu tant que l'esprit est respecté:
"aimez-vous les uns les autres", pour le social,
"il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille qu'à un riche de rentrer au royaume des cieux", pour l'économie.
Un reflet de la Trinité.
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