mercredi 8 janvier 2014

Les "bons" voeux




C'est si simple de se souhaiter une bonne année, une bonne santé; c'est tout plein de cette dégoulinante fraternité de début d'année où même les faux amis s'envoient avec force mail et carte clinquante de "bons voeux" de bonheur auquel on sait plus trop quoi y attacher.
Chacun y va de son petit refrain chevrotant d'amour et de paix, d'amitié assurée et si vite remisée jusqu'à l'année prochaine. C'est beau, c'est magique, on a les yeux plein d'étoiles qui vous tombent sur le nez dès passé le 6 janvier où la magie de Noël commence à s'estomper en même temps que les lourdeurs d'estomac.
Voilà bien longtemps que je n'envoie plus de carte, ni de mail bien confortablement excusée par une noble charge de devoirs familiaux, mais en réalité fuyant l'hypocrisie ambiante. Cette année pourtant j'ai bien envie de les prodiguer ces bons voeux à tous ceux qui viendront lire ce texte, aux doux cinglés qui continuent à venir lire ma prose et mes réflexions parfois intempestives.
Ce n'est donc pas le bonheur que je vous souhaite, chers lecteurs, car je sais que vous y travaillez d'arrache-pied depuis votre naissance, ni même de le trouver car je dois vous faire une révélation : le vrai bonheur n'existe pas sur cette terre. Si vous croyez l'avoir trouver, alors c'est que vous n'en avez jamais été aussi loin.
-Vous voulez la paix? qu'est-ce à dire? que demain tous les hommes vont se donner la main pour faire une grande ronde autour du monde? allons soyons raisonnable, vous-mêmes n'avez aucune envie de donner la main à ce salaud de voisin qui vous pourrit la vie de procès ou de tapage nocturne, à votre patron égoïste ou votre concurrent déloyal, à tout ce petit monde du quotidien qui pousse à la médisance et aux remugles internes de bas ressentiments, alors pourquoi l'exiger du monde entier?
-Vous voulez plus d'amour, de fraternité, d'amitié, d'abnégation de l'autre, mais soi-même en l'exigeant des autres, c'est déjà une forme d'égoïsme.
-Vous voulez que la société aille mieux, que nos dirigeants soient intègres, que le système s'écroule, que les banquiers soient honnêtes, que les pauvres ne soient plus pauvres et les riches moins riches et que plein d'autres injustices qui nous tortillent les entrailles n'existent plus, mais c'est encore soi et soi-même qu'on recherche, sa propre vision qu'on voudrait imposer au détriment de la réalité des choses.
-Vous voulez la santé enfin, celle qui vous permettra de vivre à cent à l'heure et de profiter de tous les instants de cette courte vie, celle qui vous ferait oublier que vous êtes soumis à la fuite du temps et aux fragilités charnelles dans une sorte de dénie de votre humanité : soi, soi et encore soi.
Non, ce que je vous souhaite, chers amis, c'est seulement de trouver la vérité. La vérité du monde, la vérité de votre existence, la vérité unique car la pluralité de nos origines est incohérente, puis le saint abandon qui fait dire à l'homme sage: "Mon Dieu, voyez ma misère, mes malheurs et toutes ces choses laides qui tourbillonnent et menacent de m'entraîner vers le vice, le doute et le désespoir; voyez ma fatigue, mes maladies et mes insuffisances qui pourraient me lasser de la vie ou me jeter dans la tourmente des remèdes chimiques et superfétatoires; voyez aussi mes joies et mes amitiés qui me retiennent tellement au monde. Pourtant, je ne vous demande pas d'y remédier, je ne vous demande pas d'adoucir ou de renforcer, je vous demande juste la force de ne pas subir, mais de vous offrir ma vie comme vous avez offert la vôtre."
L'offrande, voilà tout le bonheur que je vous souhaite, car alors il vous viendra du Bon Dieu et non plus du monde qui n'a jamais été ni ne sera jamais capable de le procurer quelque soit les époques, pas plus hier qu'aujourd'hui.

4 commentaires:

  1. Sainte et heureuse année à vous dans la paix du Christ, chère Sonia!

    RépondreSupprimer
  2. Merci chère orfeenix. Sainte année à vous aussi, dans la paix du Christ également... sachant qu'elle passe par le glaive et la charité, ce n'est pas forcément une perspective de tranquillité par les temps qui court!

    RépondreSupprimer
  3. Bonne et sainte année à vous également, Sonia. Plein de vérité ce que vous dites dans votre billet.

    RépondreSupprimer
  4. "je dois vous faire une révélation : le vrai bonheur n'existe pas sur cette terre. " OUI ! Le reste n'est que du bluff. Hélas, je n'ai plus ta foi ! et je ne demande même plus rien à Dieu, RIEN ! Si,que Dieu même me foute la paix, à la mort, dont j'ai longtemps cru qu'elle était une porte ouverte, et qui est fermée, à jamais ! Ni bonheur ici, ni là-bas, puisqu'il n'y a pas de là-bas. Je n'y crois pas à ces écrits de bédouin, c'est fini !

    RépondreSupprimer