La mort boude ses vieux et chérit les jeunes. Désaxée, torturée, malmenée par une drôle d'élite qui en joue, elle ne sait plus où donner de la tête.
Cette fin naturelle de tout homme n'a jamais eu de calendrier, certes, et frappait aux portes sans s'annoncer, souvent, mais trouvait régulièrement une sorte de soumission plus ou moins facile, plus ou moins acceptée.
La nature, son amie, la promenait au gré des famines et des épidémies, la menait au chevet de vieillards et d'accidentés et alors, cette faucheuse oeuvrait, méthodique et magistrale: elle était là et on la connaissait.
Aujourd'hui, la nature la renie, la nature perd ses repères dans une agression sauvage, inconnue jusqu'alors, de désamour et de haine. La nature elle-même prend la place de la mort, elle ne nourrit plus, elle tue. Des hommes et des femmes, jeunes et en bonne santé se voient soudain atteints de maux nouveaux qui les foudroient subitement. Etonnés, ils se refusent à la reconnaître.
Se jetant alors sur tous les artifices du progrès ils se pensent immortels et font des projets quand elle frappe de toutes ses forces. Tandis que d'autres vieux n'en finissent plus de pourrir, gavés de pilules du semainier, maugréant dans un univers cotonneux, aseptisé et télévisuel.
Ne sachant plus vivre, nos hommes d'aujourd'hui ne savent plus mourir et affolent la mort qui ne sait plus où frapper. Conçue comme une fin et non plus comme un commencement, elle terrifie et condamne.
Une élite a pris nos vies, nous a contraint à la survie jusqu'à en crever dans l'esclavage du travail, de la rentabilité et de la consommation et nous a subjugué jusqu'à oublier de savoir mourir. La mort refusée est leur plus grande victoire, c'est pour ainsi dire la possession ultime de notre vie.
Alors qu'on vit pour ses enfants, pour sa famille, pour ses amis, on ne meurt que pour soi, et soi en face de son Créateur : c'est le moment de rendre les comptes. Pourtant cette mort sera un héritage laissé à ses proches: un héritage de paix et de sainteté ou un héritage de violence et de révolte.
Brillant.C' est mieux qu' une retraite de Saint Ignace, merci pour cette méditation sur les fins dernières.
RépondreSupprimerQuelle référence! retraite de st Ignace...
RépondreSupprimeroui, les fins dernières sont une étape de la vie d'un homme qu'il ne faut pas louper, mais c'est aussi son point d'orgue.
très beau texte ! eh oui, j'en vois tellement de 40 balais qui partent !
RépondreSupprimerA qui le dis-tu...plusieurs de mes proches aussi et aussi dans les 40 ans, et c'est tellement difficile d'être enterré par sa grand-mère!
RépondreSupprimersens dessous dessus !
Supprimersens dessous dessus, pardon...ah, ah ah !
RépondreSupprimerTrès beau texte Sonia et très vrai.
RépondreSupprimerMerci !
Quelle surprise de vous lire ici, Carine!
RépondreSupprimermerci pour le compliment.
Mais non, ça n'a rien de surprenant.
SupprimerJ'ai déjà commenté ici.
Vous en revanche, jamais chez moi ^^
oui, c'est vrai. Mais bon, le temps est un luxe que j'ai du mal à saisir au vol...internet devient extrêmement épisiodique!
RépondreSupprimermais je viendrai un de ces 4.