jeudi 20 octobre 2011

"les hommes au milieu des ruines"

 
En lisant des textes de Julius Evola, je ne peux qu'approuver sa pensée,  terriblement d'actualité et apportant de vraies solutions.  En voici quelques extraits:



"Voici un principe qui, aujourd'hui, plus que jamais, devrait posséder une évidence absolue : si un Etat possédait un système politique ou social qui, en théorie, vaudrait comme étant le plus parfait, mais si la substance hu­maine en était tarée, eh bien ! cet Etat descendrait tôt ou tard au niveau des sociétés les plus basses, alors qu'un peuple, une race capable de produire des hommes vrais, des hommes de juste perception et de sûr instinct, atteindrait un niveau élevé de civilisation et se tiendrait debout en face des épreuves les plus calamiteuses, même si son système politique était défectueux et imparfait...

 Ceci définit une direction aussi antibourgeoise qu'anti-prolétarienne, une direction totalement libérée des contaminations démocratiques et des coquecigrues «sociales», parce que con­duisant vers un monde clair, viril, articulé, fait d'hommes et de conducteurs d'hommes. Mépris pour le mythe bourgeois de la «sécurité», de la petite vie standardisée, conformiste, routinière et «moralisée». Mépris pour le lien anodin, propre à tout sys­tème collectiviste et mécaniste et à toutes les idéologies qui accordent à de confuses valeurs «sociales» la primauté sur les valeurs héroïques et spirituelles avec lesquelles doit se définir pour nous, en tout domaine, le type de l'homme vrai, de la personne absolue...


la grande illusion de nos jours est que démocratie et libéralisme soient l'antithèse du communisme et qu'ils aient le pouvoir d'endiguer la marée des forces d'en bas, de ce qui, dans le jargon des syndicats, s'appelle le mouvement «progressiste»...

On doit, surtout, être conscient de ceci : à savoir que l'on ne pactise pas avec la subversion, qu'aujourd'hui faire des concessions signifie se condamner à être totalement englouti demain. Donc, intransigeance de l'idée et promptitude à se porter en avant avec des forces pures, quand le juste moment sera arrivé...

En un certain sens, pour nous, l'américanisme est plus dangereux que le communisme : de par son être, il est une sorte de cheval de Troie. Lorsque l'assaut contre les valeurs permanentes de la tradition européenne s'effectue sous la forme, directe et nue, propre à l'idéologie bolchevique et au stalinisme, des réactions se réveillent et certaines lignes de résistance, bien que faibles, peuvent être maintenues. Les choses se présentent autrement lorsque le même mal agit de manière plus subtile et que les transformations adviennent insensiblement sur le plan des usages, des mœurs et de la conception générale de la vie, comme c'est le cas avec l'américanisme. En subissant de cœur léger l'influence de ce dernier, sous le signe de la démocratie, l'Europe se prédispose déjà à l'ultime abdication, à tel point qu'il pourra même arriver que ne soit nullement nécessaire une catastrophe militaire, mais que, par voie «progressive», on en arrive, après une suprême crise sociale, plus ou moins au même point. Redisons-le de nouveau : on ne s'arrête pas à mi-chemin. Le voulant ou non, l'américanisme travaille pour son ennemi apparent, pour le collectivisme...

Voici ce que nous devons affirmer : que tout ce qui est économique et intérêt économique, en tant que pure et simple satis­faction de besoins physiques, a eu, a et aura toujours une fonction subordonnée chez une humanité normale ; qu'au-delà de cette sphère doit se différencier un ordre de valeurs su­périeures, politiques, spirituelles et héroïques, un ordre, qui — ainsi que nous l'avons déjà dit — ne connaît, et pas même n'admet, de «prolétaires» ou de «capitalistes», et en fonction duquel, doivent être seulement définies les choses pour les­quelles il vaut de vivre et de mourir, doit s'établir une vraie hiérarchie, doivent se différencier de nouvelles dignités et, au sommet, doit trôner une fonction supérieure de comman­dement...

l'idée corporative peut être de nouveau une des bases de la reconstruction : corporatisme, non tellement comme système général de composition d'Etat, et presque bureaucratique, qui maintienne l'idée délétère dé fronts opposés, mais bien comme l'exigence qu'à l'intérieur même de l'entreprise soit restaurée cette unité, cette solidarité de forces différenciées, que la pré­varication capitaliste (avec l'apparition des substrats de type parasitaire, que sont le spéculateur et le capitaliste-financier), d'une part, et l'agitation marxiste, d'autre part, ont lésées et brisées...   

 Considérons un dernier point : celui des rapports avec la religion dominante. Il n'est pas douteux qu'un facteur «religieux» est nécessaire comme arrière-fond pour une vraie conception hé­roïque de la vie, telle qu'elle doit être essentielle pour notre front. Il importe de percevoir en soi-même l'évidence qu'au-delà de cette vie terrestre existe une vie plus haute, car seul celui qui le perçoit, possède une force infrangible et inébranlable, et lui seul sera capable d'un élan absolu alors que, si fait défaut une telle sensation, défier la mort et ne tenir nul compte de sa propre vie n'est possible qu'en des moments sporadiques d'exaltation ou lors du déchaînement de forces irrationnelles : il n'y a pas de discipline qui puisse se justifier chez l'individu, avec une signification supérieure et autonome. Mais cette spiritualité, qui doit être vivante parmi les nôtres, n'a pas besoin de formulations dogmatiques obligatoires, ni d'une confession religieuse donnée. Quoi qu'il en soit, le style de vie qu'il sied d'en tirer n'est pas celui du moralisme catholique, lequel ne vise, tout au plus, qu'à un «vertuisme» domestiqué de l'animal humain. Politiquement, cette spiritualité ne peut pas ne pas nourrir la plus grande défiance à l'égard de tout ce qui ressemble à l'humanitarisme, à l'égalitarisme, au principe de l'amour, qui font partie intégrante de la conception chrétienne, en lieu et place de l'honneur et de la justice. Certes, si le catholicisme était capable de faire sienne la ligne d'une haute ascèse et, précisément sur cette base, presque à la manière d'une renaissance de l'esprit qui présida au meilleur Moyen Age avec ses croisades, s'il était capable de faire de la foi l'âme d'un bloc armé de forces, presque à la manière d'un nouvel Ordre Templier, compact et inexorable contre les courants du chaos, de l'abdication, de la subversion et du matérialisme pratique du monde moderne - certes ! en un tel cas, et même dans le cas où il ne s'en tiendrait fermement, comme minimum, qu'aux positions du Syllabus, il ne pourrait exister, pour notre choix, un seul instant de doute. Mais, au train où vont les choses, c'est-à-dire vu le niveau médiocre et, au fond, bourgeois et paroissial auquel est aujourd'hui pratique-ment descendu tout ce qui est religion confessionnelle, et vu la régression moderniste, avec la croissante «ouverture à gauche» de l'Eglise post-conciliaire de la «mise à jour», à l'usage de nos hommes pourra suffire la pure référence à l'esprit, en tant qu'évidence d'une réalité transcendante à invoquer pour greffer en nos forces une autre force, pour pressentir que notre lutte n'est pas seulement une lutte politique, et pour attirer une invisible consécration sur un nouveau monde d'hommes et de chefs d'hommes.
Telles sont quelques-unes des orientations essentielles pour la bataille à mener, essentiellement écrites à l'usage de la jeunesse, afin qu'elle reprenne le flambeau et le mot d'ordre, des mains de qui n'est pas tombé, en tirant leçon des erreurs du passé, en sachant bien discriminer et revoir tout ce qu'elle a ressenti et qu'elle ressent encore, aujourd'hui, de situations contingentes.
 L'essentiel est de ne point descendre au niveau des adversaires ; de ne pas se réduire à agiter de simples consignes ; de ne pas insister outre mesure sur ce qui, étant d'hier, même s'il est digne d'être remémoré, ne possède pas une valeur actuelle et impersonnelle d'idée-force ; de ne pas céder aux suggestions du faux réalisme politicien, tare de tous les «partis»."
                   

Je lui suggèrerais seulement de considérer la tradition catholique comme un ferment actif de nouveaux hommes et femmes intransigeants et capables de prendre ce flambeau tant souhaité vers une ère nouvelle d'héroisme et de sainteté ( mot que je lui reproche de ne pas utiliser!). Acceptons aussi la faiblesse humaine, non pas en tant que facteur démissionaire, mais pour garder en tout une humilité salutaire dans une vraie confiance en la divine Providence.

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