Le 30 mai, c'était la fête catholique de Sainte Jeanne d'Arc. C'est étonnant cette fête établie par certains au premier mai, quand c'est celle de St Joseph artisan (mais c'est vrai, les artisans n'ont plus la côte aujourd'hui. Sainte Jeanne d'Arc non plus dailleurs... bon, bref...) et la fête nationale de sainte Jeanne d'Arc est prévue le deuxième dimanche de mai. Mais tout cela passe bien loin des préoccupations de la plupart de mes compatriotes qui, ne connaissant plus les saints, n'ont même plus besoin de penser à quels saints se vouer.
Il serait pourtant intéressant de se vouer un peu plus à cette petite bergère qui est un symbole magnifique de rédemption.
Je me suis permise donc de sonder un peu plus le cas de sainte Jeanne d'Arc dans la profondeur de ce symbole, véritable signe tangible de notre salut et de la possibilité toujours existante d'un autre salut issu d'un même schéma.
Il est peu de dire que Jeanne d'Arc est un évènement christique. Plus qu'une jeune fille guerrière, elle est réellement le réceptacle du Saint-Esprit qui agit en elle et par elle. Tout comme la Vierge Marie, elle a accepté la mission qui lui fut confiée sans qu'elle sache le moindre détail sur la manière de s'y prendre : elle fut la servante du Seigneur tout simplement et humblement. Son action n'est pas une rébellion ni une révolution, elle est un sauvetage de la France catholique, fille aînée de l'Eglise. La France fut délivrée de la même manière qu'un père court au secours de sa fille bien-aimée pour qu'elle ne succombe pas au mal.
L'épopée de Jeanne dura 3 ans tout comme la vie publique du Christ dura 3 ans. Elle fut condamnée pour sorcellerie et blasphème par des gens d'église, le Christ fut lui aussi condamné pour blasphème et subjugation de foule par les hommes du temple, les grands-prêtres.
Elle mourut martyr sans personne, abandonnée de tous ses compagnons, même du roi, sauf d'un capitaine qui se battait pour essayer de la délivrer; le Christ mourut aussi abandonné de tous ses disciples sauf d'un seul apôtre.
On comprend alors que l'action de sainte Jeanne d'Arc, bien loin du remue-ménage et de la révolution, n'a pas servi des desseins de haine et de vengeance, mais véritablement une seconde rédemption à l'image de celle de Notre-Seigneur. Avant son ascension, le Christ ne nous avait-il pas prévenu qu'Il ne nous abandonnerait jamais, mais il faut comprendre que c'est de nos âmes que se soucie notre Père du ciel. Le matériel, Il nous le fournit tout comme Il s'occupe des fleurs des champs et des oiseaux du ciel, alors que notre âme est son véritable soucis.
A l'époque de Jeanne, le peuple Français, malgré tous ses défauts de trahison et de guéguerre sans unité, était profondément chrétien. La religion catholique, plus ou moins bien pratiquée, restait cependant présente dans tous les moindres replis de la société. La rédemption trouvait alors son lit d'accueil et il suffit d'une armure blanche sur un cheval noir brandissant la bannière de "JESUS-MARIE" pour galvaniser les troupes et des hommes rudes, les unir d'un seul mouvement et faire fuir sans bataille (ou si peu) l'ennemi affolé par cette nouvelle force inconnue jusqu'alors.
Jeanne n'a rien offert ni de sa vie ni de sa mort, elle a accepté la vie puis la mort qui lui fut donnée; elle n'a rien donné d'elle-même, elle a agi sous l'influence du Saint-Esprit. Tout n'est qu'humilité et charité.
Aujourd'hui, quel accueil peut-on faire à une telle rédemption? Le nombre des chrétiens dépasse-t-il le nombre réclamé par Dieu à Job pour sauver la cité?
L'action pour l'action restera toujours vaine, l'action pour la rébellion et la révolte engendrera toujours la haine et la vengeance et sera forcément synonyme de chaos.
Seule l'action pour une conversion et un retour vers des valeurs morales pourront reformer le lit afin d' accueillir une troisième rédemption.
J'y crois à cette troisième rédemption, je crois que ce sera logiquement par une autre femme, servante du Seigneur humble et soumise; mais il faut la vouloir cette rédemption, juste la vouloir avec tout ce que cela implique de renonciation et de sacrifice.
Beaucoup reprochent aux catholiques de vouloir attendre le salut en faisant des prières, inactifs parce que pas dans la rue. Cependant ont-ils seulement défini ce terme "action"?
Il est devenu une sorte de leitmotiv: un réveil tardif de certains Français qui se disent engagés parce qu'ils joignent le réveil à l'action...mais quelle action? Quand on sait d'autant plus que ces mêmes engagés ont dans le passé milité activement pour mettre la France à genou dans un activisme qu'ils vont plaquer sur leur nouvelle passion-panique dans un lamentable désordre parce qu'animée d'une trop grande sensiblerie et dépourvue d'une véritable spiritualité...
Avec l'expérience des états totalitaires, l'action par la manifestation "soi-disant" pacifique, mais terriblement violente par l'opposition forcenée au pouvoir en place qui est ainsi mis en péril, ne peut que finir par la répression et à terme par la perte de libertés fondamentales qu'on peut sauvegarder par le silence.
Il y a d'autres sortes d'actions bien plus efficaces, mais plus douloureuses car elles supposent de baisser la tête, de supporter comme un long chemin de Croix l'agonie d'une patrie bien-aimée : ce sont des actions sans éclat, ni média, ce sont les sacrifices de vie familiale, professionnelle et sociale. Ces sacrifices qui font que des familles chrétiennes vont accepter la pauvreté, voire la précarité, l'isolement parfois, un renoncement à certaines passions ou épanouissement personnel, à certaines reconnaissances sociales pour vivre en adéquation avec l'esprit évangélique que n'offre plus la société. La cohérence entre les idées et le réel voilà à mon sens la seule action qui pourra devenir fondatrice d'un renouveau français morale et chrétien et reforger l'assise d'un nouveau salut.
C' est parfait, c' est la perfection.A l' image de Marthe et Marie, certaines personnalités sont plus actives que contemplatives, ce qui compte c' est la nature de l' idéal défendu, en effet.
RépondreSupprimerEt je vous soupçonne, Orfeenix, d'avoir choisi la voie de Marie, ne suivant Marthe que dans d'extrême nécessité. C'est le choix en tout cas qui me plait le plus même si l'activité de Marthe m'est trop souvent imposée...mais la contemplation est tellement oubliée de nos jours, pourtant elle apporte une vraie joie dans les jours les plus sombres, elle élève au-dessus de la misère du monde : c'est notre apanage à nous les chrétiens!
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